La politique au Congo est hautement manipulée. Elle demeure artificiellement floue: paradoxale, fluctuante et déboussolée. Faite de retournements sans cesse spectaculaires, invariablement la même, à l’ère de la mondialisation, travaille aux intérêts situés aux antipodes de ceux congolais. Par exemple, le budget de l’année électorale 2006 fut aux deux tiers financé par l’extérieur (communauté internationale s’entend) et donna, après cinquante ans de caporalisme, toute la mesure de l’aliénation nationale concertée. Naturellement l’élection présidentielle fut placée sous bonne garde de l’EFOR (récidive de la politique de la canonnière) et de la diplomatie des barbouzes. Elle renouvela le résultat connu d’avance. Un autre «caporal de réserve» et «informateur du renseignement» catapulté à l’EMG de l’Armée, fut proclamé président. Un ‘homme fort’ !
En fait, pendant un demi-siècle le congolais «indépendant» tourne en rond. Il ne se fatigue point de compter ses milliers d’universitaires, d’enterrer ses millions de morts et de chaque fois tromper sa faim! Entreprenant mais, pareil à la mouche du coche, il recommence. C’est la «reprise-accumulation» des tares et des retards les mêmes l’obligeant de passer son bonhomme de chemin à côté de son histoire sans s’arrêter pour écouter et poser des questions.
Ainsi happée et caporalisée en amont, la machine politique congolaise refuse d’avancer et marque le pas. Cependant que le siècle marche!
C’est à l’image du pays lui-même. Surréaliste. Effectue de gaité de cœur un plongeon dans l’anhistoricité. Mu au yoyo des «avancées et reculs» des noms il rythme en cercle les pas lestes et syncopés de la danse de la nuit des temps: le «cikuna» luba sans doute agrémenté par le chant initiatique «kamulangu».
Proclamé la «République du Congo» à l’avènement de l‘indépendance le nom du pays fit des choux gras à l’autre bord du fleuve commun. Car le gouvernement du président Fulbert Youlou se prévalut à l’ONU de porter le premier ledit nom. On donna l’avantage à la république qui ne fut pas «provisoire» le 30 juin 1960. Malgré sa victoire à l’arrachée, en 1964 la «République Démocratique du Congo» naquit sur les cendres de la première engendrée par la ‘Loi fondamentale’ qui fut cependant «provisoire». Le nom altéré sans peine annihila les efforts consentis par le Gouvernement Lumumba pour le faire aboutir.
Le changement ne s’arrêta pas là. Loin s’en faut ! En 1965, il fallut compter avec le pronunciamiento du «Haut Commandement Militaire». L’année d’après le pays recula de six ans et, en 1966, remonta à contre courant le nom originel naguère abandonné la «République du Congo». Cette fois il fut marqué de l’épithète distinctive de sa capitale à l’instar de son homonyme d’en face ruminant malgré tout son dépit. Mais à la différence du «Congo – Brazzaville» Léopoldville débaptisée marqua la collusion d’un «fait de prince» et la «révolution du vocabulaire». Notre pays devint le «Congo – Kinshasa» !
Cinq ans après piqué (je ne sais) par quelle mouche ? En 1971, le congolais se découvrit une identité datée à l’embouchure du fleuve voilà plus de quatre siècles. Il s’interrogea sur l’authenticité du nom «Nsadi» pourtant si évidente. L’historien français Robert Cornevin mieux inspiré trancha en haut lieu à la place du ‘caporal-président’: «La République du Zaïre» souffla- t- il à Mobutu. Ouf! Le voisin d’en face souffla. Après coup cessa de lorgner car il se débarrassa vite de l’épithète «Brazzaville» devenue anachronique et encombrante aux côtés du pays-berceau autoproclamé de l’Authenticité au cœur de l’Afrique!
Notre pays ne s’arrêta pas là. Il fit un bond de géant en arrière. Surtout qu’en décrétant sa «Révolution-Pardon» en 1997 le rebelle-président «Laurent Kabila» dirigea à droite en ayant le cœur à gauche. Il effectua un plongeon de trente trois ans sur la ligne du temps. Exhuma des abysses le nom de la «République Démocratique du Congo» daté conformément à la Constituante de Luluabourg en1964.
Dans tous les choix vitaux du pays effectués sans consultation préalable du peuple congolais, cette valse incessante des noms valut cependant un coût: le gaspillage de l’argent du contribuable pourtant réputé très pauvre et chaque fois traité à la 3ème personne.
Il faut briser le cercle vicieux !