« Nous sommes les hommes de la danse dont les pieds reprennent vigueur en frappant le sol dur. » Ce vers décliné jadis par L. S. Senghor définit la «rumba» exécutée à la ‘verticale’. La terre-femme-mère craquèle à la pénétration vigoureuse de la racine, plutôt le martèlement de la plante des pieds, supporte fermement en hauteur l’arbre dressé sur cette matrice indomptée qui s’abandonne, sollicitée par la secousse d’ensemencement. Que l’on ne s’y méprenne point. Sur la piste dansante, la gestuelle virile des guerriers transfigure la mort dans un choc - «Etutana, yango na yango!» - des boucliers des Amants conviés à la paix des genres ‘ni vainqueur ni vaincue’. C’est la loi intangible de la rumba éternelle dansée à Cuba, au Congo et en Afrique, son berceau.
En Australie, singulièrement à Melbourne, Mukuruta, Arshino, Patient et consort font la démonstration de la ‘rumba’ appelée «soukous» exécutée à l’horizontale: la ‘danse du ventre’.Investissant les dimensions spatiales, les talentueux danseurs s’exhibent: montent, descendent, avancent, reculent etc. pirouettent. La syncope musicale secoue les corps portés sur les pas lestes. Sa poésie rythmée, révélée dans la mimique ou la pantomime culmine dans un geste allusif du coït. L’acte recrée la vie en abondance vécue en Australie par les réfugiés d’hier. Cette vie et sa ‘corne d’abondance’ sont volées au Congo déchiré par la guerre! L’acte n’est jamais à confondre avec l’érotisme qui anémie l’incantation vitale et féconde en un geste gratuit, lascif et stérile. La séduction est sublimée dans la danse libérée comme un langage communicateur de l’amour universel, communié dans la fête de la «musique sans frontières» par la communauté multiraciale de l’Etat de Victoria.