La page dédiée aux Héros et aux Martyrs du (néo)colonialisme
Le martyr – infanticide – de BENDE TALASUE (1987-1999) à la DEMIAP/ 50è BDE Commander/ Camp Militaire Lt-Colonel Kokolo
En 1999, la DEMIAP suspecte comme rebelle du Mouvement de Libération du Congo «MLC» au Sud-Equateur Bende Talasue. Le bambin raflé, fut déporté à Kinshasa. Traité de ‘caca’ en forêt, il mourut affamé et anonyme, à plus d’un millier de kms du village natal, loin de sa famille: « Reverrai-je aussi ma mère ? » fut la dernière parole du marmot effondré mort aux pieds du chef de poste, le kadogo A. K.!Son cadavre squelettique fut abandonné, visité par les vers, dégageait l’odeur pestilentielle. L’accumulation d’autres cadavres dans la cellule-mouroir obscure fut nécessaire. Entassés, ils étaient transportés la nuit sur le pont de la rivière N’Sele. Bende fut basculé, englouti au fond de l’affluent du fleuve Congo!
La DEMIAP/«DEMIAP » /50ème Brigade Commander
C. A. Mwamba a dépeint la déshumanisation vécue à la Détection Militaire Anti-Patrie «DEMIAP » /50ème Brigade Commander dans La Cathédrale (Poème) s (1999) et dans Le Sanctuaire (Poème) s (2010). Ces deuxlivres ont paru aux Editions L’Harmattan à Paris.
L’auteur a baptisé «La Cathédrale» la DEMIAP de l’Etat Major du Camp Lt-Colonel Kokolo. Ce titre vaut une métaphore. C’est l’île du voyage sans retour – la Gorée des esclaves sans retour – version kabiliste. La saga criminelle dans les cellules techniques de mise à mort appelées «mabosu» a été approfondie dans Le Sanctuaire (également une métaphore). Ces cellules-mouroirs étaient disséminées dans la ville de Kinshasa 1) à l’Etat Major de la «DEMIAP » /50ème Bde du Camp Militaire Lt-colonel Kokolo situé aux confins des communes de la Gombe et de Lingwala et 2) dans la forêt de Kimbondo à la périphérie de la ville. Les détenus au secret sont étiquetés «mavi» (caca) «binyamanyama».
Les «binyamanyama» et le caca
Dans les mouroirs de la DEMIAP la déshumanisation prend plusieurs formes entre autres, l’animalisation:c’est l’assimilation d’une personne à l’animal dégradé nyamanyama, et, la «cacalisation»: la réduction d’une personne au caca. Les noms ainsi prononcés à la DEMIAP valent la sentence de mort! La solution finale consiste à tuer (égorger, abattre, dépecer vivant, noyer etc.) bref à se débarrasser sans remord de la victime.
1) Le sort des «binyamanyama» dans les «mabosu» y est pire que celui des vaches à conduire à l’abattoir. On prend soin de leur viande car destinée à la consommation publique! Des «binyamanyama» (le pré-préfixe bi- et le radical redoublé nyamanyama marquent la dépréciation) constituent la «pourriture vivante» à jeter en pâture aux crocodiles et aux poissons du fleuve Congo.
2) L’auteur a créé deux néologismes: «cacaliser» (verbe) et «cacalisation» (substantif dérivé) signifiant la condamnation à périr dans le forclos des cachots obscurs inondés de matières fécales – le ‘caca’ des massacrés à l’arme blanche – au cas où le cocktail virulent microbes + odeurs fétides n’ont pas achevé à brève échéance les victimes. Subir cette peine.
Le Sanctuaire forestier de la DEMIAP
Le Sanctuaire forestier est situé à environ 50 km de la ville de Kinshasa à Kimbondo, dans le bois de la ferme rapinée à l’ex Général mobutiste Kpama Baramoto, en faveur du Gl rund Jean Yav Nawej. Elle comporte une boîte de nuit “NAYA” (=Danse en rund) et des chambres réservées pour les parties fines dont une, très luxueuse, exclusive au ‘président autoproclamé’ L-D Kabila. En contre bas de NAYA le Sanctuaire érigé dans la cave d’une villa coloniale est géré par le Gl J. Yav Nawej pour le compte du G2 DEMIAP Joseph Kabila et du comandant en chef de l’armée et chef d’Etat autoproclamé, L-D Kabila. Des consignes strictes protègent l’accès à ce lieu sinistre. La personne qui s’y hasarde ou s’égare est abattue sans sommation, enterrée à la sauvette dans le bois ou jetée dans la fausse sceptique.
Enlèvement, infanticide et disparition du cadavre de Bende Talasue
Le plus jeune «détenu» au Sanctuaire forestier, Bende Talasue, était âgé de 12 ans ! Raflé dans le sud de la province de l’Equateur, il fut déporté par la DEMIAP à la maison d’arrêt de Gemena au nord de sa province natale. La Croix Rouge Internationale/CICR le visita le 30 avril 1999 ainsi que ses compagnons d’infortune qualifiés comme lui de «vulnérables» – jeton d’identification englouti avec leur cadavre dans la rivière N’Sele… Cette visite impromptue du CICR poussa la police politique à déporter, le premier mai 1999, les «détenus» au « Sanctuaire » à Kinshasa. Le 7 juin 1999, après 37 jours de souffrance, le premier mort est ZAGBALAFIO. Ses compagnons comprennent alors qu’ils le suivront tôt ou tard !
L’agonie de Bende Talasue
Mai ! Mai !
Le destin indifférent
ligote dans le dos même
les coudes
du bébé vagissant. Au fond de
la cave
le Sanctuaire forestier baigne
dans la pestilence des effluves.
Les captifs
drastiquement séquestrés
efflanqués
fantasmagoriques affectent
prodigieusement.
Au fil des jours la faim
la soif
les maladies harponnent
les spectres vivants parqués
hagards sur le plancher.
La perception délirante provoque
la confusion mentale si contagieuse
à l’esprit sain.
L’homme somnole debout
car la folie latente l’habite.
L’échine recourbée dans l’anonymat
réducteur des ténèbres
l’humanité outragée drape l’horreur
aliénante dans la vision d’apocalypse.
Sous la peau glabre et délavée
à l’excès de température
l’articulation ostensible des os
dénombrés
au moindre mouvement
déclenche des craquements
morbides dans les oreilles
ébranlées d’hystérie.
Le masque mortifère arboré
sorti clandestinement du merdier
on ne sut jamais quand
le petit déporté de l’Equateur* a
souri pleuré ou ri. Esseulé
le vide maternel incommensurable
le benjamin fébrile se protège
d’abord contre
la brise et l’éblouissement
de la lueur de l’astre diurne
au couchant
pourtant effacé derrière le bois.
Bende se cabre à quatre pattes
entêté comme une mule
dévore aussitôt la terre à sa portée.
L’arrière goût salé du sol sablonneux
ravive l’appétit; vorace, le gosse
ballonne son ventre. Redressé
enfin le marmot sans roter titube
fasciné.
le benjamin fébrile se protège
d’abord contre
la brise et l’éblouissement
de la lueur de l’astre diurne
au couchant
pourtant effacé derrière le bois.
Bende se cabre à quatre pattes
entêté comme une mule
dévore aussitôt la terre à sa portée.
L’arrière goût salé du sol sablonneux
ravive l’appétit; vorace, le gosse
ballonne son ventre. Redressé
enfin le marmot sans roter titube
fasciné.
A l’allongée du bras droit crispé
un gobelet rempli d’eau
un pain de chikwangue à l’autre
au fond des guenilles effilochées
empochée la provision de glèbe
efflorescente. Ce soir le cauchemar
vécu au quotidien par l’enfant s’estompe
dans l’enchantement. Son rêve se fait
jour
le miracle serré dans les petites mains
tremblantes:
«De Poste* reverrai-je aussi ma mère?»
Le regard rivé encore sur son trésor
la boisson et la nourriture emballée
le bambin fantasme un déni de réalité
hiératique la voix progressivement
éteinte s’écroule: «A boire ! A boire !…» *
* Le chef de poste.
* Mots-phrases débitées en lingala par l’enfant à l’agonie: « Mai! Mai !… »
Violations flagrantes des droits humains en RD Congo
« Voici la liste des assassinats politiques au Zaïre/R-D Congo depuis 1994, dont une quinzaine sont répertoriés sur le site de l’organisation congolaise Journalistes En Danger/JED (affiliée à Reporters Sans Frontières/RSF) http :www.jed-afrique.org/fr/ :
1. Pierre KABEYA, reporter à Kin-Matin, journal de Kinshasa, tué le 8 juin 1994 près du camp militaire Loano à Kinshasa-Kintambo. En octobre 1994, la justice (mobutiste) classe le dossier en déclarant insuffisants les éléments d’identification des tueurs.
2. Adolphe KAVULA MISSAMBA, directeur du journal d’opposition Nsemo, arrêté par la Sécurité mobutiste et retrouvé mort à Kasangulu (Bas-Zaïre) le 12 novembre 1994. Aucune enquête ni procès n’ont été ouverts.
3. Belmonde Magloire MASSINHOUN, béninois, ancien photographe du Pt Mobutu, directeur du journal Le Point Congo, collaborant à la Sécurité de L-D Kabila, porté « disparu » à Kinshasa le 13 septembre 1998. Aucun signe de vie depuis lors.
4. AKITE KISEMBO, 28 ans, interprète de l’envoyé spécial de l’Agence France-Presse à Bunia (Province Orientale) durant l’Opération militaire française ‘Artémis’, enlevé à Bunia le 3 juillet 2003 par la rébellion milicienne UPC de Thomas Lubanga (actuellement détenu à La Haye par la CPI), porté « disparu » depuis.
5. Pascal KABUNGULU, ex secrétaire exécutif de l’association pour les droits humains Héritiers de la Justice, homme des médias oeuvrant à Bukavu (Sud-Kivu), abattu chez lui la nuit du 1er août 2005 par 3 hommes dont 2 en uniforme. Soupçonné du meurtre, le lieutenant-colonel Thierry Ilunga, commandant la 105è Brigade des FARDC (l’armée nationale aux ordres de Joseph Kabila, alors Président de la Transition ‘1+4’), a été arrêté, jugé et condamné puis relâché sans explication. 3
6 et 7. Franck NGYKE KANGUNDU, chef de la rubrique politique à La Référence Plus, journal de Kinshasa, assassiné avec son épouse Hélène MPAKA, chez eux, le soir du 3 novembre 2005. A l’issue du procès de plusieurs mois, le tribunal militaire de Kinshasa-Matete a condamné à mort les 2 principaux accusés et à la prison à perpétuité leur complice.
8. KAYILU MUTOMBO, technicien de maintenance de la chaîne CCTV (appartenant au leader du MLC, Jean-Pierre Bemba, alors principal rival du Pt Joseph Kabila et actuellement détenu à La Haye par la CPI), poignardéle 29 mars 2006 à Kisanga/Lubumbashi (Katanga) ; l’émetteur-relais a été détruit. Aucune enquête n’a été ouverte.
9. MWAMBA BAPUWA, 64 ans, journaliste indépendant, de retour à Kinshasa après plus de 20 ans d’exil politique en France, tué chez lui à Kinshasa-Matete dans la nuit du 8 juillet 2006 par des hommes en uniforme. Le 24 août 2007, à l’issue du procès, la justice militaire a condamné à mort les « coupables » dont certains se sont évadés depuis.
10. Serge MAHESHE KASOLE, secrétaire de rédaction à Radio-Okapi (MONUC), tué dans la rue le 13 juin 2007à Bukavu (Sud-Kivu) devant deux amis aussitôt accusés du meurtre ! Le 21 mai 2008, la Cour Supérieure Militaire de Bukavu les a fait relâcher et a condamné à mort les « vrais coupables ».
11. Patrick KIKUKU WILUNGULA, reporter-photographe à l’Agence Congolaise de Presse/ACP de Goma (Nord-Kivu), tué d’une balle dans la tête et dépouillé de son matériel, près de chez lui le 9 août 2007. Aucune enquête n’a été ouverte.
12. Daniel BOTHETI, parlementaire de l’opposition MLC (J-P Bemba), assassiné en juillet 2008 à Kinshasa.
13. Didace NAMUJIMBO, journaliste à Radio-Okapi (MONUC), tué à Bukavu (Sud-Kivu) la nuit du 21 novembre 2008. Sous la pression des ong congolaises des droits humains et des médias, etc. les autorités militaires ont annoncé l’ouverture d’une enquête. Mais un an après, rien n’avait encore démarré.
14. Bruno KOKO CIRHAMBIZA, chroniqueur culturel de Radio Star, station privée émettant à Bukavu (Sud-Kivu), poignardé la nuit du 23 août 2009 par 8 individus. Sous la pression populaire, les autorités politico-judiciaires annoncent l’ouverture d’une enquête.
15. Patient CHEBEYA BANKOME dit MONTIGOMO, 35 ans, journaliste cameraman indépendant, travaillant pour plusieurs TV à Béni (Nord-Kivu), tué le soir du 5 avril 2010, par 3 hommes en uniforme, chez lui dans la commune de Mulekera.
16 et 17. Floribert CHEBEYA BAHIZIRE, 47 ans, directeur exécutif de l’ong la Voix des SansVoix/VSV pour le respect des droits humains, retrouvé mort dans sa voiture à Kinshasa le 1er juin 2010, après un rendez-vous « annulé » avec le chef de la police, le général Numbi Banza Tambo. Son chauffeur, Fidèle BAZANA EDADI, a été porté « disparu ». Sous la pression internationale (Etats occidentaux et ONU), le Pt Joseph Kabila a commandité une enquête, au point mort à ce jour.
18. Salvator MUHINDO, membre de l’association ‘Bon Samaritain’ pour la défense des droits humains, à Béni (Nord-Kivu), abattu par des hommes en uniforme le 29 juin 2010, chez lui à Kalungata (route de Béni à Butembo).…
Entre 1994 et 2010, au Zaïre devenu R-D Congo, sous les régimes successifs de Mobutu, L-D Kabila et J. Kabila, ces journalistes et défenseurs des droits humains ont été assassinés ou portés « disparus » – sans comptabiliser ceux et celles qui ont été et sont menacés de mort, qui ont subi et subissent des coups et blessures, qui ont été arrêtés et détenus plus ou moins longtemps ou le sont encore dans les geôles de la Sécurité Militaire, sans autre motif que celui d’avoir gêné ou de « gêner » le Pouvoir en place.
Notons que les régimes de J-D Mobutu Sese Seko et de Joseph Kabila ont été mis sur orbite par les Etats démocratiques occidentaux (Europe et USA) et appuyés par l’ONU, respectivement en 1960 et 2001. Il est temps de faire pression sur nos responsables politiques afin qu’ils interviennent auprès de leur filleul actuel Joseph Kabila, et que la démocratie puisse enfin fonctionner en R-D Congo.
** * Faites circuler cet appel. Ceux qui se sentent concernés peuvent écrire à:
Monique CHAJMOWIEZ(éditrice à L’Harmattan)
monique.chajmowiez@hotmail.fr
Copie envoyée, entre autres, aux organisations sus-mentionnées.