A l’aube du XXIème siècle, le congolais n’est pas encore un sujet nanti des droits. Son génocide fait rage au cœur de l’Afrique mais laisse la communauté internationale indifférente. Ce drame honteux qui, en une décade (1998-2008), a emporté un 1/10 de la population congolaise (60 millions) est un camouflet permanent infligé à la Charte de l’ONU (1945) et singulièrement à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (1948). En 1955, à la visite de Beaudouin 1er, roi du pays partie aux Traités internationaux cités, le journaliste belge F. Demany apprécia le traitement réservé aux pensionnaires du parc par ses compatriotes et fit remarquer avec pertinence: « quand ouvrira-t-on au Congo, un Parc National assurant la protection des hommes contre les hommes?» Mieux: « Au Congo on a fondé un Parc National pour la sauvegarde des forêts et des bêtes. Il y faudrait créer aussi un Parc National pour la défense de l’homme. » Avec le renouvellement du régime inhumain des capitas nationaux instaurés en règle au Congo après 55 ans, cette vérité demeure aussi actuelle qu’à l’époque de l’EIC.
Pour le congolais insulté, nié, la conquête des droits humains et sociaux fondamentaux s’avère un objectif prioritaire: le droit à la vie, à la justice et à la justice sociale, à l’intégrité physique, à disposer d’un toit, à se nourrir, à se vêtir, à étudier, à fonder un foyer, à procréer, à élever et à éduquer ses enfants, à les soigner, à jouir d’un environnement sain et protégé, etc.
L’histoire et la géographie ont façonné le congolais. Celui-ci, dans un monde devenu un grand village, n’est pas fermé à leurs influences bénéfiques. Il revendique la liberté, la démocratie, la paix, la jouissance des fruits de sa terre, le respect de son indépendance et de sa souveraineté nationale. En dépit de l’hypocrisie et de la lâcheté internationale le congolais doit s’efforcer de les conquérir.
L’opposition délibérée des noirs culminée dans la détestation des congolais entre eux valorisait le mythe de la supériorité du colonialiste instauré créateur et unificateur des colonisés. Sans lui, le Congo ne serait pas. C’est pourquoi, malgré leurs divergences tribales, wallons et flamands s’accordaient sur ce point à poursuivre leurs «intérêts» au Congo. Après l’indépendance, le caporalisme a été institué au pouvoir national à l’initiative du monde libre devenu la communauté internationale. C’est en attisant cette haine séculaire que se nourrit et subsiste au pouvoir le capita, dans un pays dévalorisé et rendu invivable. Ainsi ravagé et obnubilé par la misère, condamné à la débrouille et asservi, le congolais en général (59,2%) vit avec moins de $1,2USD par jour, chante la gloire et l’amour naïf du négrier commun diviseur et ses capitas. Ceux-ci achètent à vil prix sa force de travail, l’abrutissent et pillent ses richesses naturelles.
La dictature asservit le congolais depuis l’époque du «Roi Souverain». Il végète dans l’ignorance et doit changer en s’appropriant aussi le savoir. Il comprendra les enjeux historiques et la cause profonde de la misère et de la pauvreté qu’il subit telle une fatalité sur la terre des hommes-sans-cœur! Elles lui sont infligées au tort de son ignorance dans un monde où la politique et les affaires sont conçues comme un jeu réservé aux plus habiles. Ces données doivent être sues, maîtrisées, agies dans une reconversion mentale totale. Sinon l’histoire continuera à se répéter aux dépens du congolais qui restera un éternel captif! Cet enfant qui sue sang et eau dans la jungle, produit le caoutchouc, le diamant, l’or, le cuivre, le cobalt et le coltan, demeure benoîtement admiratif des gadgets qui en résultent, incapable d’acheter ‘ses’ produits finis. L’esclave séduit par le mirage de l’Eldorado Mikili, les pays du Nord enviés, continuera de bâtir leur richesse et leur prospérité, au lieu de revendiquer son développement et son épanouissement dans le partage équitable et la signature des contrats « Win-Win ».
Seule la connaissance libère. La traduction des résultats des recherches dans les langues congolaises brisera le ghetto qui entretient le gouffre entre le peuple et son élite encapsulée, à décoloniser. Le citoyen étudiera pour apprendre et apprendra pour agir. Les vraies études doivent cesser d’être un luxe et une exception au Congo. Le savoir sera mis à la portée de tous à l’école, au lieu de l’absence d’école, pis, l’école buissonnière et le fusil importé pour tous les enfants. Les ténèbres de l’ignorance font le lit de la dictature.
Après cinq décades calamiteuses (1960-2010) le mot crise devient inapproprié pour désigner la débâcle congolaise. Nos objectifs se résument en ces termes :
- Dénoncer sans cesse à l’opinion congolaise et internationale les violations flagrantes des droits universels et la prédation des richesses naturelles du Congo par les négriers modernes;
- Vulgarisez dans les langues locales que les malheurs du Congo sont artificiellement créés et cyniquement planifiés. Aussi la gestion opaque comme la charité internationale, indue et humiliante, la récurrence des tutelles internationales et le soutien récidivé aux ignares capitas nationaux que sont ces putschistes irrépentis;
- Analyser et vulgariser le lien direct entre la permanence des catastrophes économiques et humanitaires et l’histoire du Congo vue par les congolais. Porter un regard critique sur les sciences sociales à décoloniser quant à la philosophie: le but et la destination des résultats des recherches. Pendant 50 ans des despotes habillés sont en succession au pouvoir volé à l’arme, performent des bilans négatifs et le malheur absolu des congolais;
- En vérité, dans un environnement républicain, de la gestion transparente et démocratique, du pouvoir échu aux vrais citoyens, dirigé par les congolais et pour les congolais, les richesses naturelles si énormes sont capables de réduire sensiblement la pauvreté endémique et de déprogrammer la misère planifiée du peuple;
- promouvoir des projets de société et de gouvernement alternatifs, élaborés sur la base des analyses et des études politiques, sociales, économiques, culturelles et environnementales pointues, éclairées par l’histoire nationale et générale;
- Compter et mobiliser les hommes de bonne volonté, les organismes, les institutions et les Etats qui, de par le monde, solidarisent avec le peuple congolais, privé de liberté et de la qualité d’homme et de femme sur la planète Terre.