Le cinquantenaire du Martyr de Patrice Emery Lumumba
Depuis le kidnapping du 1er premier ministre congolais le 27 novembre 1960 suivi de son assassinat le 17 janvier 1961, l’imperium «militaire et politique» instauré selon le crédo de l’OTAN pendant la Guerre froide continue après 1989. Il piège, voilà un demi-siècle, la démocratie et empêche son essor au Congo. L’analyse critique de cette hypothèque forme l’idée-clé de la présente édition du Cinquantenaire. C’est un plaidoyer en faveur du Changement, c’est-à-dire une politique alternative en RD Congo dans la bonne gouvernance: la démocratie, l’Etat de droit, la justice sociale et le respect des droits humains. Ceci après 50 ans de Caporalisme et 61 ans de fidélité à toutes épreuves à l’OTAN!
Le Caporalisme
Un mythe reproducteur du pouvoir colonial en RD Congo
Un demi-siècle dans la vie d’une Nation constitue une distance nécessaire pour évaluer l’application des programmes de développement à court, à moyen et à long termes. 50 ans de marche au pas sous la houlette des «caporaux» sanguinaires, Joseph Mobutu et Joseph Kabila II; des enfants «sans père» recrutés dans l’armée à partir de la rue, clonés à l’archétype de cet autre enfant «sans père» et «abandonné»; glissé à bord d’un bateau et ayant échoué «sans papier» aux USA, «changea» de nom; «soldat»; «journaliste», «aventurier» dans la Jungle équatoriale auquel les «soldats» prisés au recrutement comme «enfants abandonnés» sont taillés depuis à son image, devint quasi le «fils adoptif» du «misogyne» roi des belges Léopold II: le «bulamatadi» Henry Morton Stanley!
La rue, symbole du ‘rejet social’ et de ‘délinquance’ est le lieu d’extraction naturelle du «soldat» congolais de Léopold II à ce jour. Le chant de guerre swahili de l’«AFDL-Army» indique combien le «mukombozi» (libérateur) n’ayant de qui tenir dans la société (car «sans père ni mère») doit compter sur son arme !
Voilà brossé sans passion, en quelques mots, l’itinéraire des hommes «sans cœur» qui dirigent en succession le Congo à partir du 14 septembre 1960.
L’OTAN continue d’imposer des «Stanley noirs» au sommet du pouvoir congolais. Comme en juillet 1960 avec le concours de l’armée belge, elle réédita avec des «collabos» africains de l’Océan Indien «AFDL» sa politique de la canonnière en septembre 1996. A la fin du XIX siècle (1885) cette politique réussit au monarque du «petit pays» de se proclamer sur un domaine privé quatre-vingts fois plus grand que sa Belgique «Roi Souverain du Congo».
Depuis lors le Congo dit indépendant sert de laboratoire international d’expérimentation des recettes militaires et politiques façonnées par l’idéologie fasciste et les fantasmes inassouvis pendant la 2ème Guerre Mondiale. Il est devenu l’exutoire des recettes économiques des institutions asphyxiantes de Breton Wood, Clubs de Paris & de Londres, etc. mais aussi et surtout de la reproduction des mirages coloniaux et autres grâce à l’industrieuse et silencieuse ‘diplomatie des barbouzes’ formatée à la fin de cette Guerre renouvelant au pouvoir anachronique des «bulamatadi noirs».
L’enlèvement «maquillé» dans la fuite ingénue de Lumumba et son assassinat délibéré le «17 janvier» 1961par les ‘réformés’ d’après la Guerre 40-45, dopés par la haine et la vengeance, témoignent de la lâcheté de l’action clandestine de l’Alliance Nord Atlantique. A cette date fut célébrée au cœur des ténèbres de la Jungle africaine la disparition du Führer dans son bunker souterrain en 1945. Car, comme chez Hitler, les reliques prélevées plus tard sur le cadavre du premier ministre détruit (sic) se rapportent au crâne (la balle qui le transperça) et à la mâchoire (la dent)!
Cet acharnement macabre dévoile le premier aspect du jeu cynique destiné particulièrement à la consommation extérieure. Néanmoins, intervint au préalable la division des rôles au sein des services secrets des pays alliés de l’OTAN. Créé en 1949 cette alliance ‘politique et militaire’ implanta la même année au Congo sa base militaire précédée en 1948 par la création de la Sûreté coloniale et, dix ans après, la centrale nucléaire au Mont Amba (à activer au cas où). Pendant la Guerre froide ces instruments géostratégiques furent logés dans les deux provinces érigées en «rivalité» et, en juillet 1960, occupée par l’armée belge: la province de Léopoldville, le siège du gouvernement central et la province du Katanga (CSK s’entend) le siège des deux sécessions.
Le second volet du jeu (destiné à la consommation locale) affirma le statu quo colonial dans l’imaginaire congolais en renouvelant la terreur léopoldienne signifiée par le vocable ‘bulamatadi’. Sa réalité double et complémentaire fut mise en exergue par les sciences sociales commises à l’aventure coloniale dès leur création au XIXème siècle. D’une part la «sorcellerie» orchestrée techniquement par la CIA et son ‘brain trust ‘ académique dans la capitale politique, Léopoldville, le siège du Gouverneur Général; d’autre part, l’opérationnalisation par la Sûreté belge et son ‘brain trust’ académique du ‘mythe fait chair’ du nocturne «mutumbula» dans la capitale économique, Elisabethville, siège du Vice-gouverneur Général du Congo.
En juillet 1960 (à l’Ouest comme à l’Est) le Congo envahi par l’armée belge fut divisé au nom des intérêts stratégiques et géostratégiques de l’OTAN. Deux caïds des services secrets concélébrèrent une messe de requiem insolite. Sur le plan politique le gouvernement central ciblé, combattu fut démoli à Léopoldville par le chef de Station de la CIA, le colonel Larry Devlin. Sur le plan économique il fut privé des recettes du ‘Comité du Katanga’ (UMHK et MIBEKA) en sécession par le chef de MISTEBEL/ Bureau Conseil, le colonel Fréderic Vandewalle, le fondateur de la Sûreté coloniale.
Le complot sinistre «mis en scène» contre le gouvernement démocratique (74/137 voix) emporta la vie du premier ministre «élu» P. E. Lumumba. Cette hostie macabre restaura l’autorité écornée, castratrice et raciste. Flanqué des «collabos» les deux gros chats ‘blancs’ rusèrent entre leurs pattes avec la souris ‘noire’ finalement décapitée, dépecée et désintégrée. La victime resta privée de sépulture. Les reliques du ‘Communiste-Hitler-Satan’ anéanti dans la Jungle congolaise, emportées comme des trophées de guerre, exhibées en Europe, nourrirent des fantasmes de la peur ritualisée et exorcisée.
Archétype de «châtiment automatique», ce crime crapuleux opéra tel un couperet contre toute «velléité démocratique» exprimée par les autres leaders congolais. En guise de l’«africanisation des cadres» la terreur «africanisée» fut érigée en mode de gestion par le régime des «caporaux indicateurs» de la Sûreté coloniale. Assistants techniques de la construction de la république «bananière» au Congo, les maîtres blancs reprirent du service auprès des anciens subalternes abrités derrière le mur étanche de la diplomatie et des services secrets (civils et militaires).
C’est en se reproduisant que le système politique colonial se maintint au Congo. Il survit aux menaces de rupture en renouvelant des «caporaux-indicateurs» au sommet du pouvoir: Joseph Mobutu (2ème République) et Joseph Kabila II (3ème République). Ainsi, en lieu et place du Changement (nouvel ordre politique) chaque fois un menu territoire (à ne jamais franchir) est délimité au peuple contre sa soif de Justice, de la démocratie, de l’Etat de droit, de bonne gouvernance et des droits humains.
Depuis 1960, le congolais spolié du droit sacré d’expression se refugie dans la légitime défense, civile ou armée, la «résistance». L’interventionnisme occidental la rend permanente: la «politique de la canonnière» et la «diplomatie des barbouzes» renouvelant la «dictature militaire».
Il devient donc légitime d’interroger aujourd’hui l’Occident chrétien et démocratique (quoiqu’il s’en défend sans doute par mauvaise foi) car la loi de l’OTAN reste la plus forte, pendant et après la Guerre froide, sur le bilan catastrophique de sa gestion (anachronique) du Congo par ses marionnettes en capote. Ces Capitas nationaux sont ré-dupliqués au pouvoir dans l’exclusion et l’anéantissement des Démocrates et à leur tête le 1er premier ministre élu, Patrice E. Lumumba.
Au Congo la «crise politique» est chevillée au caporalisme rampant. Cette calamité est renouvelée de la manière forte par l’OTAN, qui, depuis le putsch du 14 novembre 1960 instrumentalise l’Etat Major Général de l’Armée devenu la fabrique nationale des «présidents de la république» en consacrant la «loi de la force» selon le slogan de mépris à la démocratie «Olinga, olinga te»!
Ces «Strong Men» applaudis, adoubés par la communauté internationale forment une «aristocratie» fréquentable en Occident. Les «civilisés» absolvent leur «sauvagerie» pourvu que soient tenues en respect les libertés démocratiques et citoyennes. A cet égard, l’exécutif basé sur l’opposition civile versus soldat héritée de l’EIC fonde la distribution des rôles au Congo. La fonction «protocolaire» de premier ministre est assignée au civil («universitaire» ou non) tenu à l’œil par le ‘caporal-président’.
L’inversion des rôles et des valeurs devient une constante dans le microcosme politique congolais. Elle génère la contestation et installe la crise dans la durée et, partant, la subversion des «combattants» de la liberté, de la démocratie et des droits humains – enlevés, séquestrés, torturés et assassinés!
Au Ghana (2009) le président B. Obama dénonça le pouvoir des «hommes forts» en Afrique! S’agissant cependant de la «main mise étrangère» sur le Congo, il ne pourra pas empêcher les victimes de porter le regard par-delà l’arbre qui cache la forêt et d’appeler ‘un chat un chat’, l’OTAN: sa politique de la canonnière – juillet 1960, novembre 1964 et septembre 1996 - chapeautée par sa diplomatie des barbouzes.
L’assassinat de Lumumba fut sans conteste le fait des Occidentaux. La capitale de l’OTAN, en l’occurrence le Royaume de Belgique reconnut sa «responsabilité morale» en 2006. Au terme de l’enquête parlementaire débutée en 2001, la Commission Royale conclut en tournant son regard vers l’Oncle Sam!
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La démolition de l’ordre républicain et démocratique au Congo
Nous revisitons en six tableaux l’assassinat du premier ministre congolais dans le contexte des évènements de l’époque grâce aux entretiens avec Michel (Kipunka) Kiembe, Cléophas (Massamba) Kamitatu et Mario (Batwanyele Losembe) Cardoso. Pionniers dans les fonctions «stratégiques» de l’Etat selon l’acception de l’OTAN, ils furent des acteurs ‘passifs’ dans les coulisses du monde libre lancé en croisade contre le «Communiste-Hitler-Satan». Leur présence, à la place et au moment, à l’extérieur et au pays éclaire l’«histoire silencieuse» de P.E. Lumumba. Ce sont des témoins privilégiés au cœur des cabales ourdies jusqu’à la passion du 1er premier ministre congolais articulée en triple étape: l’échec à l’ONU (Mario Cardoso), le coup d’Etat du 14 septembre1960 (Michel Kiembe) et sa livraison à la mort (Cléophas Kamitatu).
J’ai connu les personnages cités et partagé leur confidence dans les moments exceptionnels. Je leur dois respect et reconnaissance. Cependant je prends à mon compte l’analyse critique présentée sans trahir la sincérité des propos de mes interlocuteurs devant ma conscience et devant l’histoire. Car c’est bien leur sincérité qui permit ‘ma’ reconstitution des faits. Des personnalités telles que Bernadin Mungul Diaka, Thomas Kanza, Tony Mandungu Bula Nyati etc. firent l’objet des articles non démentis de l’auteur pendant les années ‘90’ dans la presse dite «rouge» et ils sont cités de manière incidente dans cette édition du Cinquantenaire.
Des Tableaux:
I. La fulgurance du météore dans le ciel congolais
(30 juin 1960 – 17 janvier 1961)
II. L’ascension-déclin du président Kasa Vubu
(24 novembre 1960 – 24 novembre 1965)
III. Le déraillement du Train de la Démocratie
IV. Un pouvoir piégé dans les rets de la ‘zone grise’
V. Un décor dispendieux planté exprès pour lever le grand Rat
VI. Le kidnapping de P.E. Lumumba
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Avertissement
«Mopepe ya Indépendance»
(Kallé Jeef)
La grandeur de Joseph Kasa Vubu se trouve dans le combat mené par l’instituteur pourtant universitaire contre Goliath! Et jamais à l’ombre du capita colonial Mobutu, aiguisé, abusé, usé en tant que glaive vengeresse contre l’indépendance de son pays. Kasa Vubu écrivit ses meilleures pages d’histoire nationale voire universelle avant l’indépendance. Il assuma la politique de l’indigénat en la confrontant aux limites de ses propres contradictions dans le contexte particulier du Congo belge et singulièrement universel de l’après Guerre 40-45. Son combat de colonisé, telle une mèche allumée par l’ABACO (association, puis parti) embrasa en cercles concentriques toute la colonie belge qui vibra à l’unisson: «Kimpwanza ! Uhuru ! Dipanda»! Ce fut l’indépendance totale et immédiate !
Comme tout libérateur, Kasa Vubu paya le prix. Et le vent des «indépendances chacha» souffla sur toute l’Afrique.
Voilà le Père de l’Indépendance !
La fulgurance du météore dans le ciel congolais
(30 juin 1960 – 17 janvier 1961)
La politique de l’OTAN se mène principalement à travers les portefeuilles-clés des pays alliés que sont les ministères des Affaires Etrangères et de la Défense et Sécurité. D’où, au Congo, le rôle notoire joué par le diplomate J.M. Bomboko aux côtés des «informateurs» de la Sûreté coloniale, c’est-à-dire les «caporaux de réserve» J. Mobutu et V. Nendaka propulsés à la tête des forces répressives, militaires et sécuritaires. En Belgique, la clarification et la spécification des missions de l’OTAN au Congo nécessita à l’exemple des USA l’inclusion en 1964 du ministère des Affaires Africaines au sein du ministère des Affaires Etrangères.
L’intervention de l’OTAN contre les «nationalistes-indépendantistes» au Congo se réalisa en double phase: 1) l’élimination politique et physique du symbole universel de la liberté africaine et congolaise, P.E. Lumumba (17 janvier 1961) et 2) l’élimination politique et physique (massacre) de ses partisans et de leur fief de résistance (24 novembre 1964).
A peine que fut prononcé le discours «révolutionnaire» du premier ministre congolais le 30 juin 1960 l’OTAN appliqua au Congo sa politique de la canonnière et sa diplomatie des barbouzes. Le sabotage économique intervint. D’emblée la Société Générale de Belgique refusa de payer ses redevances au Gouvernement central dirigé par P. E. Lumumba. De ce milieu affairiste belge fut détaché un colonel de l’OTAN (5ème Colonne) chargé des réseaux secrets euro-américains et anti-communistes «gladio», désigné (mission spéciale) comme représentant de la couronne au siège du domaine léopoldien, le Comité Spécial du Katanga «CSK» en raison de son poids économique considéré un «Etat dans un Etat». Le Comte d’Aspermont Lynden déstabilisa le pays en créant les sécessions au Katanga (11 juillet 1960) et au Sud Kasaï (8 août 1960) couvertes à l’extérieur par une diplomatie active. Ces deux fleurons du capital belge hébergèrent dans leurs résidences ces «otages de luxe» que furent les leaders «fédéralistes» M. Kapenda Tshombe et A. Kalonji «Mulopwe».
Compte tenu du pourrissement de la situation politique créée à Léopoldville, le voyage aux USA et à l’ONU suggéré par le diplomate yankee signifia, sur le plan international, l’échec annoncé de Lumumba taxé de «Castro» ou de «petit Hitler» respectivement par des américains de taille, D. Eisenhower le président des USA et A. Cordier le Représentant du Secrétaire Général de l’ONU au Congo. Sur le plan national, cet échec enclencha la succession des coups d’Etat, institutionnel par le président J. Kasa Vubu (5 septembre 1960) et militaire par le colonel J. Mobutu (14 septembre 1960). Dès lors, les évènements s’accélérèrent avec le concours combiné de la CIA et de la Sûreté Extérieure Belge. Car, en septembre 1960 le colonel des services secrets de l’OTAN naguère affecté au Katanga fut rappelé à Bruxelles et nommé ministre des Affaires Africaines!
Piégé et kidnappé le 27 novembre 1961 par le savoir-faire manipulateur, la technique professionnelle des services secrets occidentaux, Lumumba en cavale fut en réalité un oiseau enfermé dans la cage à ciel ouvert bercé d’illusion de mouvements. Ses ennemis maîtrisaient l’espace, le ciel et les communications. L’Aigle dans l’azur pistait sans répit sa proie dans ses déplacements. Il profita des instants de gambade et de villégiature de sa victime pour aiguiser le bec et les serres, bref, sa machine implacable à «tuer»!
Le nouveau «MinAAF» dépêcha en mission spéciale au Katanga le colonel F. Vandewalle, comptable du sinistre massacre du 4 janvier 1959 à Léo. A cette date «anniversaire noir» de janvier 1961, le colonel «BEM» embarqua pour Elisabethville, le siège du CSK, préparer sans doute l’arrivée de «Satan», le «colis» à immoler à la date historique du 17 janvier… Au soir de ce jour-là, Hitler se cloîtra pour l’éternité dans son bunker! La litote ne fut pas choisie au hasard comme figure de style à l’honneur dans les services d’intelligence à l’instar des «non-dits» également évidents. Plus qu’une métaphore, Lumumba désigné comme «colis» fit virtuellement un avec son contenant-sarcophage!
En dépit de la turbulence politique délibérée au Congo, la communication demeurait militaire et intacte. Au centre de ce dispositif stratégique défini comme le nerf de la guerre, le colonel Vanderwalle dirigeait la Gendarmerie et la Sûreté du Katanga en sécession ainsi que l’Armée Nationale Congolaise «ANC» et la Sûreté Nationale aux mains respectives de J. Mobutu et V. Nendaka, ses «caporaux-indicateurs» de la Sûreté coloniale. Ces deux institutions furent opérationnalisées, financées et armées par les barbouzes de l’OTAN, le chef de la CIA stationné à Léopoldville le colonel L. Devlin assisté par les colonels belges Louis Marlière et André Lahayes. Ce fut la phase I.
En 1964, Paul Henry Spaak nommé ministre des Affaires Etrangères à Bruxelles conforma au Secrétariat d’Etat américain son ministère en charge aussi des questions de l’OTAN et Africaines. Il mit fin à la représentation diplomatique de la «barbouze du 4 janvier» au Katanga. Le «Consul Général» fut rappelé à Bruxelles et congratulé. L’étape des sécessions instrumentalisées prit fin au Congo. Leurs leaders récupérés au Gouvernement central dirigé par M. Tshombe; tandis que l’armée et la sécurité furent réunies sous la poigne renforcée des capitas J. Mobutu et V. Nendaka. A des titres divers et au gré de la manipulation chaque dirigeant congolais appréciât la présence à ses côtés de la barbouze belge manifestement rendue indispensable à chacun. En aval, le colonel F. Vanderwalle fut le puissant conseiller de Tshombe à la tête de l’«Etat Indépendant du Katanga», en amont demeurait le vrai «patron» du «putschiste» Mobutu à la tête du Congo caporalisé. Ils constituèrent en 1964 les interlocuteurs politique et militaire respectifs du commandant des «Affreux» au Congo, le colonel Mike Hoare!
Cette année-là, le colonel Vandewalle fut retourné au Congo dans une nouvelle «mission spéciale» de l’OTAN à la tête des opérations militaires combinées «Ommegang» (belge) + les «Affreux» (mercenaires «anticommunistes» engagés par la CIA) d’une part et les «Dragons Rouges» (américaine) + les pilotes cubains (mercenaires «anticastristes» engagés par la CIA) d’autre part. La liquidation totale du bastion de la résistance ‘lumumbiste’ eut lieu dans la province Orientale. Ce fut la phase 2.
II
L’ascension-déclin du président Kasa Vubu
(24 novembre 1960 – 24 novembre 1965)
La démocratie piégée
Joseph Kasa Vubu destitué comme président de la république avec le premier ministre Patrice E. Lumumba accepta de rempiler en force au pouvoir aux mains du «porteur-du-fusil». Ainsi l’arbitraire du complot de l’arme qui, le 14 septembre 1960, limogea le premier l’y retourna aux dépens du dernier. Ce parallélisme insolite des formes démarra le régime caporaliste au Congo. Devenu le président de l’ordre transitionnel issu du putsch t1 Kasa Vubu rejeta, en fait et en droit, le verdict électoral intérieur issu du souverain primaire, le peuple congolais.
De facto un président illégitime
En écroulant le gouvernement démocratique élu par le peuple congolais, l’OTAN (alliance «politique et militaire») délibéra l’échec au pays de la légalité nationale et internationale. Elle piégea à sa rhétorique politique (accusation de communisme) et à sa logique de la force pendant la Guerre froide les nationalistes-indépendantistes et souverainistes. Ils n’étaient pas préparés sur ce terrain, réfugiés derrière le «neutralisme positif» et le «nationalisme» (1960-1965). Contraints par la répression à la résistance et forcément regroupés, isolés, à plus de deux mille kms (de la capitale) dans la province Orientale: ils ont été criminellement défaits!
L’adoubement par les forces de l’OTAN
Le «monde libre» mijota également le repositionnement en force de Kasa Vubu sur le plan international. Il fut dépêché à New York, à l’ONU, solliciter l’adoubement concocté par la diplomatie des forces de l’OTAN. A cette époque l’ONU fut ce haut-lieu stratégique de rencontre des diplomates alignés selon la distinction Est/Ouest à côté des Non-alignés. A la différence des ministres des Affaires Etrangères des pays «sous-développés», ceux des «pays alliés» en réalité défilent comme «barbouzes» à l’ONU et à l’OTAN, voire président à leurs destinées. Ces deux institutions d’après-guerre marchaient ensemble, créées par l’USA affirmé, pendant la Guerre froide, comme puissance du monde libre en face du bloc soviétique.
Un pouvoir- à- deux made in NATO
La dérive de l’indépendance et de la démocratie consacre l’allégeance du président au pouvoir (néo)colonial concocté par l’étranger, à l’étranger et pour l’étranger. Ainsi, le 5 septembre 1960 Kasa Vubu rejoignit la pure tradition léopoldienne. L’éviction du premier ministre Lumumba scella le contrat synallagmatique – l’endommagement du gouvernement élu assura le retour de l’ascenseur politique à Kasa Vubu! Car, le putsch du 14 septembre 1960 fut cette manœuvre de récupération habile du pouvoir démocratique transformé «qualitativement» en force. La «force de la loi» fut remplacée par la «loi de la force». Un pouvoir géré cette fois à deux selon le credo de l’OTAN (politique et militaire) fut instauré au sommet de la république: le président civil (politicien) assisté par un vice-président putschiste (militaire). Il a été défini et matérialisé un pouvoir secret à la portée de la diplomatie des barbouzes, à l’instar de la sécurité et de l’armée, car selon F. Dejonge: «Les paramètres politiques et diplomatiques n’ont pas vocation à être publics.»
Le sacrifice de l’être cher
Devenu président de l’ordre «caporaliste» instauré par l’OTAN, Kasa Vubu piégé en vérité a trahi l’indépendance et la démocratie. Il paya le prix. Le pouvoir certes exercé à deux, accru et puissant («politique et militaire») devint manifestement brutale et sanguinaire! L’assassinat-dévoration de Lumumba (symbole de l’indépendance et de la Liberté) fut suivi du massacre impitoyable des nationalistes-indépendantistes !
Cependant un apprenti sorcier
Une industrie de la sorcellerie concoctée par la CIA fut mise au point au Congo, avec l’aide du ‘braintrust académique’. Tel un zombi Kasa Vubu constitua le ‘maillon faible’ du pouvoir conjugué à deux en termes de force. L’apprenti sorcier ouvrit la boîte de pandore: la succession des coups d’Etat (institutionnel, incapacitant, sanglant) par des caporaux «porteurs –de-fusils» instaurés depuis lors en règle au Congo [t1+t2].
La conservation du pouvoir exclusif à la Loge
Consacré templier à la fois du Groupe de Binza et du Groupe des Sorciers fabriqués, financés et armés par la CIA la trahison de l’indépendance du peuple par Kasa Vubu détermina la création politique de Mobutu. Celui-ci fut élevé au grade de «général-major» de l’ANC (23 février 1961) après l’assassinat de Lumumba. Commis à la conservation du pouvoir de la Loge bifaciale et anti-démocratique, Joseph le soldat devint l’alter ego de Joseph le civil (son bras armé) campé à L’Etat Major Général!
La pêche en eaux troubles
La complicité du duo établit Kasa Vubu ‘pêcheur en eau trouble’. Le pendant civil murissait dans la Loge sorcière et historique les conditions de possibilité de la crise politique au Congo. A deux reprises, respectivement en septembre1960 et en octobre1965 il créa l’occasion propice (en or) au pendant militaire [son « fils » Joseph] de cueillir, tel un fruit mûr, le pouvoir au profit de la Loge.
La logique de putschs institutionnels fut née
Caporalisé, devenu autocrate sinon allergique à la démocratie, Kasa Vubu caricatura et tourna en dérision le régime parlementaire; instaura la logique du putsch institutionnel: le limogeage des premiers ministres majoritaires au parlement en l’occurrence P.E. Lumumba et M. K. Tshombe remplacés par ceux minoritaires. A tous les coups le président exhiba des «lapins» sortis du «haut de forme» aux mains de la CIA, J. Ileo (1960) E. Kimba (1965). Cf. Des cartes politiques ternes de rechange…
Les fonds spéciaux logés à la «BL» et l’achat de conscience
En 1965, malgré le recours aux «fonds spéciaux» logés à la Banque Lambert, le débauchage et la corruption entretenus parmi les élus de la CONACO par la Loge échoua de renverser la victoire en faveur de Kasa Vubu demeuré battu démocratiquement. Mobutu approcha au préalable Kimba. Il fit autant de Tshombe (en exil) pour écarter Cyrille Adula (parti à son tour en exil). Celui-ci fut approché dans l’éviction d’Ileo et ce dernier dans celle de Lumumba. La méthode demeurait la même déplora le colonel M. Kiembe en pointant du doigt l’action clandestine de L. Devlin. Au préalable opposés entre eux, les premiers ministres successifs, élus au suffrage universel comme représentants du peuple, ont été tous liquidés à l’exception du terne J. Ileo. Monsieur Tiroir Caisse fut limogé de la primature au profit de son ancien ministre des Affaires Etrangères de la Sécession Katangaise: «En tous cas, je n’ai jamais vu dans ma vie un orateur aussi persuasif que ‘Mwana ya Mama Yemo’» (le fils de Mère Yemo=Mobutu) me confie C. Kamitu, ému et admiratif! A ses yeux (au nom de la Loge instaurée la source du pouvoir s’entend) le coup de force du 24 novembre 1965 fut salué comme un «pis-aller»!
Cependant le non retour de l’ascenseur…
Loin de valoir à Kasa Vubu le retour en force au pouvoir, le second «go» du président civil se révéla fatal au templier, cette fois opposé à son coprésident «soldat» Mobutu (cf. les patterns coloniaux). Le putsch t2 lui coûta outre la séquestration avec sa famille au camp des parachutistes de Mobutu, l’exil interne et l’‘incapacitation mortelle’ (mars 1969). Celui qu’il appelait affectueusement « Mo